Souriez, vos dents sont entre de bonnes mains… Mais combien d’années de formation rigoureuse se cachent derrière le sourire confiant d’un orthodontiste ? En France, l’orthodontie connaît une popularité croissante, avec environ 800 000 traitements d’orthodontie réalisés chaque année, générant un chiffre d’affaires d’environ 1,5 milliard d’euros (Source : *Syndicat Français des Spécialistes en Orthopédie Dento-Maxillaire – SFODF*). L’orthodontie : est-ce un art délicat ou une science pointue ? C’est avant tout un long chemin, passionnant pour ceux qui aspirent à transformer des sourires et améliorer la qualité de vie de leurs patients.

Nous allons décortiquer les étapes du cursus, de la formation de base en chirurgie dentaire à la spécialisation pointue en orthodontie, en passant par les exigences du concours d’internat et les perspectives de perfectionnement continu. Comprendre ce parcours est essentiel pour les aspirants étudiants, les patients et le grand public.

Le socle commun : les études de chirurgie dentaire

Avant de pouvoir se spécialiser en orthodontie, il est indispensable d’acquérir de solides bases en chirurgie dentaire. Cette première étape, d’une durée de 5 à 6 ans, constitue le fondement de toute la formation ultérieure. Elle permet d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour diagnostiquer et traiter les affections de la cavité buccale, y compris les malpositions dentaires.

Accès aux études de chirurgie dentaire

L’accès aux études de chirurgie dentaire est sélectif et passe principalement par deux voies : le Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) et la Licence avec option Accès Santé (LAS). Ces voies d’accès ont remplacé l’ancienne PACES (Première Année Commune aux Études de Santé). La sélectivité est élevée, avec un taux d’admission variant entre 10% et 20% selon les universités (Source : *Ministère de l’Enseignement Supérieur*). Les prérequis scientifiques sont indispensables, notamment une solide maîtrise de la biologie, de la chimie et de la physique. Les écoles dentaires peuvent être publiques, ou privées, avec des frais de scolarité plus importants. En 2023, environ 1300 étudiants ont été admis en deuxième année de chirurgie dentaire (Source : *Ministère de l’Enseignement Supérieur*).

Le cursus de chirurgie dentaire

Le cursus de chirurgie dentaire est structuré en plusieurs années. Les deux premières années sont consacrées à l’acquisition de connaissances fondamentales en sciences (anatomie, physiologie, biochimie, etc.) et à une initiation progressive à la dentisterie. Les années suivantes (de la 3ème à la 6ème année) sont axées sur la formation clinique, avec des stages et des travaux pratiques dans les différentes disciplines de la dentisterie : prothèse, odontologie conservatrice, parodontologie, chirurgie orale, etc. L’anatomie crânio-faciale et la biomécanique sont essentielles pour les futurs orthodontistes, car elles fournissent les bases pour comprendre la croissance et le développement de la face, ainsi que les forces impliquées dans les déplacements dentaires.

  • Anatomie générale et crânio-faciale
  • Physiologie bucco-dentaire
  • Biomatériaux dentaires
  • Radiologie

Validation du diplôme de docteur en chirurgie dentaire (DCD)

À la fin des six années d’études, les étudiants doivent valider le diplôme de Docteur en Chirurgie Dentaire (DCD). Cette validation passe par la réussite d’épreuves théoriques et pratiques. L’obtention du DCD est un prérequis indispensable pour pouvoir se spécialiser en orthodontie. Sans ce diplôme, il est impossible d’accéder au concours d’internat et de suivre la formation du CESCS-ODF. Le DCD atteste de la capacité du futur chirurgien-dentiste à diagnostiquer et à traiter les affections bucco-dentaires courantes, et à orienter les patients vers les spécialistes si besoin.

La spécialisation en orthodontie : le CESCS-ODF

La spécialisation en orthodontie représente l’étape cruciale pour acquérir l’expertise nécessaire afin de diagnostiquer, planifier et réaliser des traitements orthodontiques complexes. En France, cette spécialisation est sanctionnée par le Certificat d’Études Cliniques Spéciales Mention Orthodontie (CESCS-ODF), une formation de 3 ans minimum.

Accès au CESCS-ODF

L’accès au CESCS-ODF est extrêmement sélectif et se fait par le biais d’un concours d’internat très compétitif. Les critères d’admissibilité incluent le classement au concours, une lettre de motivation mettant en avant l’intérêt pour l’orthodontie, et éventuellement une expérience clinique ou de recherche dans le domaine. Le nombre de places est limité à environ 35 par an en France (Source : *Coordination Nationale des Enseignants en Odontologie – CNEO*), ce qui rend la concurrence féroce. Les matières à réviser pour le concours sont vastes et couvrent l’ensemble des connaissances acquises pendant les études de chirurgie dentaire, avec un accent particulier sur l’anatomie crânio-faciale, la physiologie, la biomécanique et les techniques orthodontiques de base. Le taux de succès au concours est inférieur à 5% (Source : *Informations recueillies auprès d’étudiants en orthodontie*).

  • Préparer un dossier solide mettant en avant votre intérêt pour l’orthodontie.
  • Travailler régulièrement et efficacement les matières du concours.
  • Se renseigner sur les attentes des jurys.
  • S’entraîner sur des annales des années précédentes.

Le cursus du CESCS-ODF

Le cursus du CESCS-ODF est une formation intensive et exigeante, répartie sur trois années. Il comprend des stages cliniques supervisés, des séminaires théoriques, des travaux pratiques et des activités de recherche. Les internes en orthodontie sont exposés à une grande variété de cas cliniques, allant des malocclusions simples aux anomalies cranio-faciales complexes. Ils apprennent à maîtriser les différentes techniques orthodontiques (brackets, arcs, gouttières, etc.), à utiliser les outils de diagnostic (radiographies, modèles, photographies), et à planifier des traitements personnalisés pour chaque patient. La pratique clinique supervisée est essentielle pour acquérir l’expérience et la confiance nécessaires pour exercer l’orthodontie de manière autonome.

Outre les techniques traditionnelles avec brackets, les internes se forment également aux approches plus modernes comme l’orthodontie linguale (appareils placés sur la face interne des dents) et l’utilisation des mini-vis d’ancrage, qui permettent de réaliser des mouvements dentaires plus précis et plus rapides. La formation inclut également la gestion des cas nécessitant une approche multidisciplinaire, en collaboration avec des chirurgiens maxillo-faciaux ou d’autres spécialistes.

Voici un aperçu du nombre moyen d’heures consacrées à divers aspects pendant le CESCS-ODF (Source : *Programme officiel du CESCS-ODF*):

Activité Nombre moyen d’heures par an
Stages cliniques 600
Séminaires théoriques 150
Travaux pratiques 100
Recherche 50

Validation du CESCS-ODF et titre d’orthodontiste

À la fin des trois années de spécialisation, les internes doivent valider le CESCS-ODF pour obtenir le titre d’orthodontiste. Cette validation passe par la rédaction et la soutenance d’un mémoire de recherche, la réussite d’examens cliniques évaluant la capacité à diagnostiquer et à traiter des cas complexes, et une soutenance orale devant un jury d’experts. L’obtention du CESCS-ODF est indispensable pour exercer légalement l’orthodontie en France et pour être reconnu comme spécialiste par l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes. Seuls les orthodontistes titulaires du CESCS-ODF sont autorisés à utiliser le titre de « spécialiste en orthodontie ».

Au-delà du CESCS-ODF : formation continue et perfectionnement

L’obtention du CESCS-ODF marque la fin de la formation initiale, mais ne constitue pas un aboutissement. L’orthodontie est en constante évolution, avec l’apparition régulière de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies. Il est donc essentiel pour les orthodontistes de se tenir informés et de se perfectionner tout au long de leur carrière.

L’importance de la formation continue

La formation continue est un impératif pour tout orthodontiste soucieux de fournir les meilleurs soins possibles. Elle permet de se familiariser avec les nouvelles techniques, de mettre à jour ses connaissances et de développer de nouvelles compétences. La formation continue peut prendre différentes formes : participation à des congrès nationaux et internationaux, suivi d’ateliers pratiques, inscription à des formations en ligne, lecture de revues scientifiques, etc. De nombreux organismes proposent des formations continues en orthodontie, tels que les universités, les sociétés savantes et les entreprises spécialisées.

Les possibilités de perfectionnement

Au-delà de la formation continue, les orthodontistes ont également la possibilité de se perfectionner dans des domaines spécifiques. Par exemple, ils peuvent se former aux techniques d’alignement par gouttières transparentes (Invisalign), à l’utilisation de l’ancrage squelettique (mini-vis), ou à la prise en charge des cas complexes nécessitant une chirurgie orthognathique. Certains choisissent également de poursuivre des études supérieures (master ou doctorat) pour approfondir leurs connaissances et développer des compétences en recherche. Une formation spécialisée sur les techniques Invisalign peut coûter entre 5 000 et 10 000 euros (Source : *Tarifs indicatifs des formations Invisalign*).

Parmi les spécialisations possibles, on trouve :

  • Orthodontie linguale (techniques et gestion des cas complexes)
  • Orthodontie et chirurgie orthognathique (collaboration et planification des traitements)
  • Traitement des fentes labio-palatines (prise en charge multidisciplinaire)
  • Orthodontie pédiatrique (techniques spécifiques pour les enfants et adolescents)
Type de Formation Coût Estimé Durée
Congrès National (SFODF) 500 – 1500 € 2-3 jours
Atelier Pratique (Technique Spécifique) 1000 – 3000 € 1-2 jours
Formation en Ligne (ex: webinars) 200 – 1000 € Variable
Master Spécialisé 5000 – 10000 € 1-2 ans

En résumé : combien d’années au total ?

Maintenant que nous avons exploré les différentes étapes, il est temps de répondre clairement à la question initiale : combien d’années d’études sont nécessaires pour devenir orthodontiste ? La réponse est simple : au minimum 8 années après le baccalauréat.

Synthèse des années d’études

Le parcours type comprend 5 à 6 années d’études de chirurgie dentaire, suivies de 3 années de spécialisation en orthodontie (CESCS-ODF). Il est important de noter que ce chiffre est un minimum, et que la durée réelle peut être plus longue en cas de redoublements ou de spécialisations complémentaires. Le taux de redoublement durant les premières années de médecine et dentaire peut atteindre 20% (Source : *ANESF – Association Nationale des Étudiants en Sciences*). De plus, certains étudiants suivent des formations complémentaires, ce qui peut ajouter une ou plusieurs années à leur formation.

Le coût des études

Les études de chirurgie dentaire et d’orthodontie représentent un investissement financier. Les frais de scolarité varient en fonction du type d’établissement. En France, les frais de scolarité dans les facultés publiques sont relativement faibles (environ 500 euros par an), mais les écoles privées peuvent facturer jusqu’à 15 000 euros par an (Source : *FNEO – Fédération Nationale des Étudiants en Odontologie*). Le matériel et les fournitures représentent également un poste de dépenses important. Heureusement, des bourses et des prêts étudiants sont disponibles.

Les contraintes financières peuvent être un frein pour certains étudiants. Il est donc important de se renseigner sur les aides disponibles et de bien planifier son budget. Des simulations de prêts étudiants peuvent être réalisées en ligne pour anticiper les mensualités et les taux d’intérêt.

  • Bourses d’État (CROUS)
  • Prêts étudiants (banques)
  • Aides régionales
  • Financements personnels ou familiaux

Les perspectives de carrière et la rémunération

Les perspectives de carrière pour les orthodontistes sont bonnes. La demande de traitements est en constante augmentation, en raison de l’amélioration de l’hygiène bucco-dentaire et de l’intérêt croissant pour l’esthétique du sourire. Les orthodontistes peuvent exercer en cabinet libéral, en association avec d’autres professionnels de santé, ou dans des centres de soins dentaires. Ils peuvent également enseigner à l’université ou exercer des activités de recherche. La rémunération est attractive, avec un revenu moyen annuel brut estimé entre 70 000 et 150 000 euros en début de carrière, et pouvant dépasser 200 000 euros pour les orthodontistes expérimentés (Source : *Observatoire des métiers de la branche de l’Odontologie*). Le prix moyen d’un traitement orthodontique complet est d’environ 4500€ (Source : *Devis moyens constatés en France*).

Cependant, il est important de noter que le métier d’orthodontiste comporte aussi des inconvénients :

  • Horaires parfois irréguliers et longues journées de travail.
  • Stress lié à la gestion des patients et aux exigences esthétiques.
  • Investissement financier important pour l’installation d’un cabinet.
  • Nécessité de se tenir constamment informé des évolutions techniques.

Devenir orthodontiste : un long chemin, une passion récompensée

En conclusion, devenir orthodontiste est un parcours long et exigeant, qui nécessite un investissement important. Il faut compter au minimum 8 années d’études après le baccalauréat.

Malgré les difficultés, cette profession offre de nombreuses satisfactions. Les orthodontistes contribuent à améliorer la qualité de vie de leurs patients et à leur bien-être. Si vous êtes passionné par la dentisterie et prêt à vous investir pleinement, alors l’orthodontie est peut-être la voie qui vous convient. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le site de l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes : www.ordrecd.fr